Vœux 2024 : Aime et aime-toi, un peu, beaucoup, passionnément

Bonjour à Vous,

J'ai envie de vous partager ce que je vis en ce moment. J'ai terminé l’année en deuil. Le deuil d’une amie très chère qui vient de faire sa transition. Je vais commencer la suivante en allant lui dire au revoir.

Je l’ai rencontrée en Polynésie il y a plus de 20 ans et j’ai tout de suite aimé sa façon d’être au monde, son caractère enjoué, mais aussi bien trempé de Bretonne ! Elle appartenait à ma famille d’âme, bien qu’elle fût très différente de moi.

Avec elle, je suis allée de surprise en surprise. Elle explorait, expérimentait tout ce qui lui passait par le cœur. Elle suivait son intuition et ses envies. Elle allait là où il fallait qu’elle aille. Elle était d'une témérité folle. 

Sa posture était celle d’une personne bien ancrée. Elle avait l’œil qui frisait dès qu’une occasion de rire se présentait. Elle aimait l’océan Pacifique, y nager, faire de grandes balades sur ses plages. Mais elle adorait encore plus, je crois, son océan à elle, celui de ses origines Concarnoises où elle était revenue vivre. Et elle pouvait être très chauvine à ses heures ! Elle aimait les plaisirs d’une bonne table, être entourée d’amis. Elle aimait les gens, elle n’en avait pas peur.

Elle parlait vrai, toujours, sans fards. Elle n’appréciait guère les petites « magouilles » des uns et des autres pour paraitre ceci ou cela. Elle le leur disait sans détour.

Ce qu'elle était m’a toujours époustouflée, moi qui me sentais tellement plus timorée !

Elle parlait vrai d’elle-même aussi. Elle a toujours eu cette volonté de ne rien se cacher, d’aller voir dans ses tréfonds ce qu’il s’y passait vraiment. Elle était chercheuse de vérité. Très engagée sur sa voie spirituelle.

Et puis, il y a eu le cancer il y a 4 ans. Après le choc, l’emballement médical, les opérations, le début de la première chimio, elle s’est posée et a décidé d’entrer de plains pieds, en conscience, dans l’expérience. Il y a eu un temps pour comprendre de quoi son corps lui parlait. Des temps d’accueil de plus en plus profonds de tout ce qui se vivait dans ce corps et qui était de plus en plus « mordant, abrasif ». Sont aussi venus les temps d’acceptation des traitements qui ne fonctionnaient pas, de la maladie qui ne reculait pas. Je l’ai vue entrer de plus profondément en elle-même. Explorer des champs de vérité et de perception, auxquels la plupart d’entre nous n’avons pas accès parce que nous ne sommes pas poussés au bout de nos retranchements. Parce que nous avons le choix d’être « fainéants » ou dilettantes.

Il y a quelques semaines, nous avons passé une journée ensemble. Son corps n’était que souffrance et pourtant nous avons échangé sur plein de choses, des sujets profonds comme des sujets anodins. Nous avons déjeuné (elle, tant bien que mal) et ri ensemble, avec tellement de légèreté ! Elle m’a offert un moment spécial, hors du temps. Il y avait une vérité très crue d’un côté et une autre si belle de l’autre…  

Elle m’a dit ce jour-là quelque chose de tellement essentiel. Elle m'a dit que la seule chose qu’elle pouvait encore faire, c’était de s’aimer. Qu’elle passait donc tout son temps à s’aimer, à aimer chacune de ses cellules, y compris celles véhiculant la maladie, à aimer la Vie qui était là et la traversait. Sa vibration était d’une douceur immense, une douceur que je ne lui avais pas encore connue. Je l’ai d’ailleurs appelée le lendemain pour lui dire ce que j’avais ressenti. En fait, je l’ai ressentie « guérie », non pas dans son corps bien sûr, mais dans son être. Guérie de tout ce qui l'avait empêchée jusque là d'atteindre cette toute autre dimension de l'être que j'avais ressentie. Son authenticité, sa force et son courage l'ont menée jusque là.

C’est la personne la plus vivante qu’il m’ait été donné de connaitre. Elle l'a été jusqu'au bout de ce chemin effectué sur terre.

Même si je sais que cette séparation n’est que transitoire, que nous allons nous retrouver de l’autre côté un jour, elle me manque déjà. Même si je sais qu’elle doit être toute fofolle d’avoir retrouvé sa liberté, son amplitude, d’être à nouveau plongée dans de l’amour pur, j’ai de la tristesse. Je ne pourrai plus l’appeler pour lui demander conseil, faire appel à sa sagesse, partager avec elle nos avancées respectives sur des sujets divers et variés. Et en même temps, depuis avant-hier soir, je n’ai pas cessé d’être avec elle et de lui parler… Elle doit se dire, de là où elle est maintenant : « Mais, elle me saoule la mère Michèle ! ».

Elle est et sera toujours. Je suis heureuse d'avoir su lui dire à plusieurs reprises à quel point elle était précieuse, à quel point je l'aimais. Et je vais continuer à la porter dans mon cœur, à l'honorer pour ce qu'elle était, pour ce qu'elle m'a transmis.

Aujourd’hui, 1er janvier 2024, pour conclure, j’ai envie de vous dire :

En 2024...

Puissions-nous nous sentir connectés à nous-mêmes, à chaque instant, connectés à tous les êtres vivants - visibles ou invisibles - qui croisent notre chemin,

Puissions-nous honorer le Divin en nous, cette vie en nous, et en chacun de ceux que nous rencontrons,

Puissions-nous être ouverts à recevoir tout l’amour qui nous est donné.

Et c'est avec tout l'amour que j'ai dans mon escarcelle, que je vous souhaite à tous d'entrer conscients dans cette nouvelle année.