14 Juin 2023
Bonjour à Vous,
Oui, tout nous enseigne, tout.
A être plus présent, plus réceptif.
A lâcher prise de ce que nous voudrions, pour accueillir ce qui est, parce que c’est parfait, même si cela dérange notre sens personnel de la perfection.
Nous voulons - tendons vers - tellement de choses, avons tellement de certitudes, tellement d’attentes, que nous laissons finalement assez peu de chances au Divin d’agir à travers nous, et de nous donner ce à quoi nous aspirons réellement.
Nous aspirons à aimer et être aimés, mais que savons-nous de l’amour ?
Savons-nous nous aimer en premier ? Non pas par égoïsme, mais simplement parce que si nous ne nous aimons pas nous-mêmes, nous ne pouvons aimer l’autre. Nous ne nous aimons pas quand la seule chose qui nous importe est de répondre aux attentes des autres, pour qu’ils nous montrent en retour que nous sommes aimables.
Savons-nous aimer ce corps qui nous ancre sur cette terre et nous permet de faire tant d’expériences ? Les expériences d’expansion de conscience, c’est dans ce corps qu’elles ont lieu. L’éveil, c’est dans ce corps qu’il peut avoir lieu. Nous ne sommes pas revenus faire une expérience sur cette terre, dans ce corps, par erreur.
Récemment, une des personnes que j’accompagnais est décédée d’un cancer. Quand le diagnostic avait été posé, elle n’imaginait pas laisser ce monde. Elle n’avait pas fait, pas vécu, ce dont elle rêvait. Pas eu le temps de profiter des siens comme elle l’entendait. La retraite lui en offrait l’espace, mais la maladie est arrivée en même temps.
Alors, elle m’a contactée et nous avons travaillé à sa guérison pendant plusieurs mois.
La première chose qui s'est révélée, c'est qu'elle avait bien de la difficulté à se dire, à se raconter. Une difficulté qui montrait tout ce qu'elle se cachait à elle-même, d'elle-même.
Comme tant d’autres, elle avait vécu sous l'injonction de la « réussite ». Penser à soi n’en était pas une composante. Réussir, c’était s’oublier. J’ai mal, je souffre, mais ... « ça va passer ». La seule chose à laquelle je puisse penser, c'est de (m'épuiser à) réussir mon mariage, l'éducation de mes enfants et ma vie professionnelle.
Elle avait peur de son corps aussi depuis l’enfance, un corps qui avait toujours été particulièrement filiforme. Or, dans sa famille, maigreur avait toujours été synonyme de « danger ». Et, tout à coup, ce corps lui demandait de faire un retour sur sa vie, ses croyances, ses conditionnements. Pendant ces quelques mois, elle a de mieux en mieux compris et accepté son parcours, pris conscience que ce corps, il fallait l’écouter. Elle était effrayée, mais pleine de courage aussi.
Tant que nous sommes en santé, nous ne nous rendons pas compte à quel point ce corps physique est un véhicule d’une importance capitale, pour expérimenter, ressentir, mener à bien ce que nous souhaitons. A quel point il est essentiel de l’aimer, de le respecter et de lui donner ce qui lui convient.
La douleur et l’affaiblissement sont des défis de taille dans le parcours à travers la maladie. Comment se laisser traverser par tous les changements qui ont lieu sans se mettre en mode résistance ?
Perdre en autonomie progressivement, ne plus pouvoir faire ce que l’on veut, ce que l’on aime, parce que le corps ne suit plus, est une chose difficile à accepter, tout comme devoir s’en remettre à d’autres parce qu’on ne peut plus soi-même. La maladie polit les aspérités avec plus de force, avec rudesse même. Pour que l’on s’achemine, enfin, vers plus de sagesse et de gratitude. Et cela peut paraitre contradictoire, mais c’est aussi une invitation à aller vers plus de douceur. Une invitation à se laisser faire, à se cocooner, à ne plus penser qu’à soi. A faire vivre plus intensément son monde intérieur.
Pour y trouver la force d’exprimer l’amour qui est là. Pour soi et pour les siens. Revenir à soi pour dépasser la peur de dire ce qui ne nous convient pas. Revenir à soi pour dépasser toute forme de jugement sur ce qui a été vécu. Revenir à soi pour s'accepter et s'accueillir. Quand une relation n’est pas comme on l’espérait, que l’on ne se sent pas accueilli, respecté, cela nous montre juste tout ce que l'on n'accepte pas de soi-même.
Revenir à soi pour dépasser aussi certaines pudeurs et la peur de dire son amour. Je crois que les « Je t’aime » qui n’ont pas été dits, les bras qui n’ont pas entouré, les lèvres qui n’ont pas embrassé sont infiniment regrettés par ceux qui ont quitté ce plan. C’est pour cela qu’ils reviennent nous faire un petit coucou dès ils en ont la possibilité, nous rassurer sur le fait qu'ils vont bien et surtout nous dire qu'ils nous aiment.
J’ai eu la chance que la personne que je suivais, m’accorde sa confiance jusqu’au bout. J’ai pu l’accompagner dans les différentes étapes, au fur et à mesure.
Ce qui a été surprenant, c’est qu’alors même que son corps ne réagissait pas positivement aux traitements, elle a reçu le message qu’elle était guérie, et cela à plusieurs reprises. Elle l’a même entendu dans son oreille, soufflé par quelque guide, ange ou ancêtre, dans la solitude d’un couloir d’hôpital. « Tu es guérie », lui a-t-on dit. A chaque fois, elle m’en parlait, ne comprenant pas pourquoi l’Univers lui répétait cela alors que son corps réagissait si mal aux traitements. Moi, je savais que les messages que l’on reçoit ont un sens parfois bien plus subtil que ce qui nous apparait. Mais, c’était interpellant malgré tout et pendant un temps, j’ai pensé qu’elle contredirait les pronostics, d’une manière ou d’une autre.
Mais rien n’y faisait. Elle était de plus en plus torturée par l’idée qu’elle n’allait pas y arriver. Alors, nous sommes allées progressivement vers le lâcher prise du résultat de ses efforts. Et un jour, elle est parvenue à s’en remettre au Divin, ce qui lui a apporté beaucoup de paix. Je me rends compte, à postériori, qu’à partir de là, son corps s’est affaibli encore plus rapidement.
Les derniers temps, je me contentais de canaliser pour elle des méditations qui l’amenaient à plus de détente dans ce corps. Et quand elle avait une question, j’ouvrais en grand mon canal pour ne laisser passer que de « l’entendable » pour elle. Il y a des mots qui nous touchent au cœur, qui sont guérisseurs. Un mot - celui-là et pas un autre - aura avoir le pouvoir de guérir une part de soi. Chaque part de soi qui guérit avant que l’on ne repasse de l’autre côté, c’est du bonus. C’est quelque chose avec quoi on n’aura plus à lutter dans la vie suivante.
Sur la fin, j’ai également ressenti que ma bouche semblait scellée par moments. L’image qui me vient, c’est un ange qui pose un doigt sur ma bouche pour que je me taise. Il faut aussi savoir faire silence face à celui qui s’en va et juste recueillir sa parole. Être très présent, attentif, dans une écoute, un accueil, de tout son être. Sans chercher quoi dire pour montrer que l’on est présent ou pour alléger la peine, laisser aller l’envie de parler pour masquer la gêne, l’inconfort.
Nous avons eu un dernier échange, le jour précédent son départ, où nous avons parlé de ceux qu’elle allait laisser, mais aussi de ceux qu’elle allait retrouver de l’autre côté. Est-ce cela qui lui a permis de cesser de résister pour se laisser aller à faire le saut de l’ange ? Peut-être, qui sait.
Je suis heureuse, en tout cas qu'elle ait réussi à se dire, à se comprendre, à se respecter de plus en plus au cours du chemin que nous avons parcouru ensemble.
Quand j’ai appris qu’elle était partie, l’envie de m’interroger sur ce que j’aurais pu faire de plus, de mieux ou différemment était bien tentante. Mais c’est le mental qui est derrière ce genre de questions. Je n’ai donc pas cédé à la tentation. J’ai accueilli son départ. Une interrogation restait présente malgré tout. J’ai eu ma réponse au réveil le lendemain. Cela disait qu’elle avait guéri tout ce qu’il était possible pour elle de guérir dans cette vie-ci, et qu’elle était repartie avec une ouverture bien plus grande à l’amour.
Les messages qu’elle avait reçus concernant sa « guérison » disaient sans doute qu’elle avait accompli tout ce qui était prévu à son plan d’âme et l’invitaient – c’est ma conclusion - à lâcher prise de la lutte pour la survie de ce corps physique. Alors oui, on peut dire, sans aucun doute, qu’elle est repartie guérie et je lui souhaite de danser, en toute liberté, en toute légèreté, avec ceux qu’elle a retrouvés de l’autre côté.
Je me suis aussi rappelé ces parents que j’avais accompagnés, il y a plus d’une dizaine d’années. Leur fille de 12 ou 13 ans, était en train de mourir d’un cancer elle aussi. Leur projet était d’être à ses côtés de la manière la plus éclairée possible. C’est au cours de cet accompagnement que j’ai appris que l’on pouvait « mourir guéri ». C’est en tout cas ce qui s’est dit. Il n’était pas prévu pour cette enfant qu’elle fasse un long séjour sur terre. Elle était revenue pour transcender une chose précise. Cela ne pouvait pas se faire ailleurs qu’ici sur terre. Dans le même temps, elle a permis à ses parents de s’ouvrir, en termes d’amour et de conscience, à un niveau qui aurait été impossible sans son passage dans leur vie. C’était un engagement de trois âmes « gagnant-gagnant ».
La Source nous fait parfois vivre des choses dont on pense que l’on ne se remettra pas ou d’autres que l’on ne comprend pas dans le moment. Nous avons vraiment à apprendre à nous en remettre à notre âme et à la Vie, qui ne nous proposent rien d’autre que la perfection, à chaque instant, et qu’en acceptant véritablement tout ce qui nous est proposé, l’issue sera positive, quelle qu’elle soit.
C’est dans les expériences qui nous mettent en état d’extrême vulnérabilité que la Conscience peut être le plus à l’œuvre en nous et que notre potentiel à lâcher prise de nos conditionnements est le plus important.
Mais nous ne sommes pas obligés d’attendre un énorme challenge pour nous en remettre à notre âme et à la Vie. Parce que tout nous enseigne, à chaque instant, à faire reculer nos problématiques d’égos, nos certitudes, nos convictions, mais aussi nos doutes, nos peurs, et à nous mettre à l’écoute d’un autre enseignement essentiel, celui de la Source qui cherche à nous ramener vers ce que nous sommes au plus profond de nous, parce que toute la magie, toute la sagesse, toutes les réponses à nos difficultés sont là, en nous.
Je voudrais juste terminer en disant à celles et ceux d’entre vous qui vivent justement un moment particulièrement ardu actuellement, que c’est une invitation au lâcher-prise, à l’abandon à cet amour, pour se « laisser-agir » par lui.
Michèle Que la Lumière soit, Au Cœur de SoiPS : Publié aussi le mois dernier : Qu'est-ce que l'acceptation.