9 Septembre 2021
Bonjour à Vous,
(En version audio : ici)
J’ai été immergée dans un mouvement de grande amplitude depuis le début de cette année. Il m’a permis de toucher du cœur tout ce que peut nous apporter la douceur, ce « rayon » de l’énergie Amour. A quel point la réconciliation de nos parts en souffrance avec leur histoire dépend de la douce attention que nous leur accordons.
C’est dans la relation à mon fils et dans mon rôle de maman que de grandes réconciliations se sont vécues ces derniers mois. Il est retourné vivre en Polynésie avec son père pendant ces dernières vacances alors que pour moi, rester en France s'imposait. Ma perle du Pacifique est donc à 18 000 kms de moi … Si je ne m’étais pas accueillie à chaque étape, je n’aurais pas pu vivre son départ comme je le vis aujourd’hui. J’aurais presque tendance à dire que je me suis recueillie sur ce que je vivais, honorée à chaque étape, tellement cet accueil que l’on se fait à soi-même est crucial. Et en même temps, je n’aurai pas été aussi loin, jusqu'à toucher du bout du coeur, la compréhension intérieure de qu’est l’unité.
Soigner un espace en soi, revient à prendre soin de soi, à s'honorer, mais aussi et surtout à faire grandir la paix en soi et à développer la relation à son Soi Divin. Cela permet que des ouvertures sur des plans de conscience de plus en plus larges aient lieu.
Je vais essayer de vous faire entrevoir cela en vous racontant cette expérience personnelle. Je vais commencer par une situation qui arrive en bout de processus.
Je reçois une amie qui vient avec sa chienne. Elle est venue me rendre visite après le départ de mon fils. La chienne est brave mais si elle a l’occasion de s’amuser à courser une de mes deux minettes, elle ne boude pas son plaisir. Sauf que ma Kali n’a pas du tout conscience que c’est un jeu. La chienne ne doit donc pas être dehors sans laisse si je n’ai pas vérifié que les chattes sont en sécurité à l’intérieur. Il m’avait semblé avoir tout prévu, tout organisé, mais en fait non … La Vie est là qui veille à ce que j’achève un certain processus.
Mon amie « oublie » mes consignes deux fois de suite. A la deuxième, je sens une colère qui remonte et qui gronde. Mais je ne veux pas parler avant d'avoir compris de quoi il retournait vraiment. Je vais donc m’enfermer pour m’accueillir. Je comprends vite que les circonstances, certes perturbantes, ne peuvent pas avoir créé toute cette énergie qui tourbillonne dans la pièce. Je connais la sensation quand ça remonte comme ça des profondeurs. Je lâche les amarres, je laisse être ce qui doit être. J’ai confiance, je pratique l’accueil depuis des années. Il n’y a aucun danger.
Plus nous pratiquons un accueil profond de ce qui est là, plus il devient facile d'être dans nos émotions. Notre tolérance face à notre vulnérabilité grandit. Le mental a de moins en moins peur, il devient plus coopérant pour que de véritables lâcher-prises aient lieu.
Des moments d’une autre vie revienne sur la scène de mon théâtre intérieur, cet espace que je donne à mes parts en souffrance pour qu’elles puissent s’y exprimer. C’est une vie que j’ai retrouvée il y a quelques années déjà. Je suis une maman seule dehors en plein hiver cherchant un refuge pour passer la nuit avec son petit garçon malade. Je vois la porte d’une grande maison bourgeoise se refermer alors que j’avais demandé à aider aux cuisines dans l’espoir d’être autorisée à passer une nuit au chaud. Dans cette vision, on est fin 19è. Je finis par trouver une grange avec du foin pour nous abriter mais il fait un froid glacial. Mon enfant meurt cette nuit-là dans mes bras. Quelques jours plus tard, c’est mon tour. Je me suis laissé mourir de fatigue et de désespoir. Je me vois passer de l’autre côté. Je me retrouve devant mon guide et mon fils de cette vie-là (qui est aussi mon fils de ma vie d’aujourd’hui). Je m’entends leur dire : « Zut ! J’ai encore raté ! ». Je ne vois pas bien de quoi il s’agit au juste sur le moment. La compréhension viendra avec le temps mais dans cette vie-là, je n‘ai pas su créer les conditions nécessaires à une vie plus harmonieuse. Elle n’a été qu’un enchainement de circonstances désastreuses et la mort de mon enfant m’a plongée leur cœur dans un sombre désespoir.
Cette histoire de désespoir, c’est ma conclusion. C’est intellectuel parce que si j’ai eu les faits, je n’ai pas ressenti les émotions qui allaient avec.
En tout cas, voilà pourquoi je suis revenue dans cette vie-ci en ne voulant pas d’enfant. Arrivée au tournant de mes 40 ans, j’ai réexaminé la question avec une thérapeute et refais face à un ‘’non’’ ferme et définitif. Je me suis alignée sur ce non. Tout me semblait ok. Sauf que, une fois ce non accueilli, les choses ont évolué en moi. Et mon corps a vécu tout un tas de bouleversements, me donnant l’impression que j’entamais une ménopause précoce. Sauf que lui aussi se réalignait et qu’à 44 ans, j’ai mis au monde un fils. J’ai bien fait rire ma gynéco, au passage.
Il aura donc fallu attendre longtemps pour que les émotions vécues par cette autre femme que j’ai été remontent – enfin – à la surface. Je ressentais qu’il n’y avait rien d’autre à faire qu’attendre que je sois prête, sans rien de forcer. Cela faisait partie d’un long parcours d’élévation de conscience et de réappropriation de connaissances spirituelles.
J’ai commencé à les ressentir ces émotions, bribes par bribes, au début de cette année 2021. Parce qu’en janvier dernier, de retour de ses vacances chez son père, mon fils est plutôt énervé. Je creuse la question et il m’annonce que son père parle de retourner vivre en Polynésie (d’où nous sommes venus il y a trois ans, chacun de notre côté) et qu’il lui a proposé de repartir avec lui.
Son besoin de se détacher de moi en prévision de cet éventuel départ amène notre relation à un point d’orgue. Il en vient à me dire, le regard froid comme de la glace, qu’il ne m’aime que parce qu’il est mon fils mais qu’en réalité, je suis tout ce qu’il déteste. Ce qui revient à dire qu’il ne m’aime pas … C’est un enfant que j’ai porté et mis au monde avec infiniment de bonheur, pour lequel je ressens un amour tout aussi infini malgré une relation qui n’a jamais été simple. Tous les parents le savent, on touche à l’amour inconditionnel quand il s’agit de nos enfants. Et ce jour-là, cet amour, il me le renvoie comme une lettre qui ne serait pas arrivée à destination.
Je sens que le moment est crucial. Mon envoyé du Divin perso, du haut de ses 15 ans, avec son estocade, me remet face à moi-même.
Je décide alors d’entrer dans un processus d’accueil de ce non-amour. Je sais combien la relation si particulière que j’ai avec cet enfant m’a fait grandir déjà ! Je ne suis plus la même femme qu’avant sa naissance. Je me suis déjà laissé enseigner d’innombrables « secrets ». Mais le temps est venu d’aller plus loin encore, je le sens. J’entame un processus qui doit aboutir au fait d’accepter, dans mon cœur, véritablement, que s’il ne m’aime pas, eh bien c’est OK. C’est un processus de détachement face à ce qui se raconte du côté de l’humaine que je suis.
L'identification à ce que nous vivons, c'est cela qui nous fait souffrir. Ce n'est pas le vrai Moi qui est blessé, c'est le moi conditionné, le petit moi. Sans la Conscience pour observer les contractions du petit moi conditionné face à ce qui vient dans son expérience, aucun changement n'est possible.
En cours de route, je me rappelle ce que je me suis dit quand j’étais enceinte : « C’est fini, je ne serai plus jamais seule ! ». Cela m’ouvre les yeux sur ce que j’ai pu faire porter à mon fils. Et m’éclaire sur ce que nous avons vécu ensuite. Un « je t’aime moi non plus » pas facile mais qui a été essentiel pour que je revienne à ma propre responsabilité face à ce sentiment de solitude qui a été comme un trou sans fond pendant très longtemps. Ma blessure d’incarnation.
Au cours des semaines qui suivent, je lâche bon nombre de croyances-carcans sur ce que doit être le rôle d’une maman. Au mois de mai, la nouvelle tombe. Son père repart bel et bien, et lui avec. Je dois me défaire de ce que j’appelle « ma cape de maman » qui représente la maman qui court, qui vole, qui résout, qui console. Cela fait 15 ans que je suis intensément maman et depuis 10 ans je suis une maman solo qui gère tout. Je prends conscience qu’une fois qu’il sera parti, je ne serai plus jamais cette maman-là. Il y a un deuil à faire. Je m’accueille.
Je lâche aussi encore un peu plus prise sur l’enfant rêvé, celui que j’aurais aimé qu’il soit, une sorte de jumeau fusionnel, ce qu’il a toujours obstinément refusé d’être, le bougre !
Arrive le moment où je ressens qu’une neutralité intérieure s’est installée. Mon enfant peut ne pas m’aimer. C’est OK. Je ne dis pas qu’il ne m’aime pas, véritablement. Je dis juste que j’ai lâché cette attente, qu’il n’y a plus d’inquiétude à ce sujet.
Et le résultat ne se fait pas attendre. Nous entrons dans une relation soudainement plus tranquille.
Le processus continue. Je ressens que l’idée de la séparation, telle que je la conçois encore, est une illusion. Mais c’est un peu confus dans mon esprit. Alors la Vie, dans sa merveilleuse bienveillance, amène à moi les personnes qu’il faut, dans mes séances. Notamment, une maman dont le fils est reparti de l’autre côté. Je canalise pour eux des messages qui parlent de cette illusion. C’est donc par l’intérieur, grâce à cette énergie qui descend, que je comprends comment je peux vivre le départ de mon fils. Dans la douceur et non dans la douleur.
Des fenêtres commencent à s’ouvrir au cours de mes méditations sur ce que pourrait être l’après.
Mon fils s’en va fin juillet. La tentation est forte d’écouter le mental qui vient me chercher sur l’idée que la séparation doit forcément être douloureuse. Mais je ne le laisse pas faire. Quand il fait appel à la tristesse, à l’idée que je me retrouve toute seule, que je ne suis plus maman, je le stoppe net. Et je me replonge dans les fenêtres qui se sont ouvertes sur tout un tas de potentiels.
Quelques temps plus tard, il se produit un switch en moi. L’idée de la souffrance face à la séparation s’évanouit. Mon mental abdique. Et l’envie de vivre les potentiels entrevus s’épanouit.
Début août, visite de l’amie au chien. Je suis donc dans mon bureau, je ressens la bouillonnante colère de cette femme que j’ai été contre elle-même. J’accueille. Elle me crie qu’elle n’a pas su protéger son enfant. Comme je n’arrive pas à protéger Kali, ma minette, dans le moment. Elle sert de substitut. Je ressens aussi l’impuissance et la honte de cette maman que j’ai été, de ne pas avoir su être plus solide. Je continue d’accueillir. Je sais que j’ai vécu des situations similaires avec mon fils dans cette vie-ci. J’ai dû apprendre à devenir un pilier pour nous deux à une période. Ca s’est fait dans la douleur et dans beaucoup de violence. Et maintenant je suis là dans un maelstrom d’émotions et en même temps, une gratitude immense m’envahit. Ca y est ! Enfin ! Tout sort. Je vis cela comme un aboutissement (un parmi d'autres ...)
L'humain peut être en plein dans ses émotions, du moment que cela se fait en conscience et dans la non-résistance, le changement peut avoir lieu. Parce que l'observatrice qu'est la Conscience est là, que l'humain n'est donc pas totalement immergé dans l'expérience.
C'est ainsi que la sagesse Divine s'incarne en l'humain.
Et tout à coup, je sens que l’on pose sur mes épaules comme un voile d’une extrême douceur, et en même temps, la même douceur s’écoule en moi par mon chakra coronal. Comme du miel, un nectar doré, tout chaud. Je suis emplie et entourée de cette incroyable douceur. C’est juste fabuleux. Je vis un moment de grâce. Je sais quel est le message : « Tu es aimée, infiniment aimée. Ressens cet amour, ressens toute la douceur d’en être baignée. »
Tout mon être entrevoie, dans l’instant, qu’il y a une autre voie que celle d’une éternelle souffrance - violence. Cette souffrance qui nous fait construire des murailles dans lesquelles nous enfermons toutes nos tristesses, en toute solitude. La construction de la muraille est comme un enchainement sans fin de violences que nous nous faisons à nous-mêmes. Et qui attirent à nous d’autres souffrances et d’autres violences.
Alors qu’il y a cette voie de la douceur avec soi-même à réapprendre. Il n’est pas nécessaire que le chemin de déconstruction de nos cuirasses se fasse dans la même violence qu’elles se sont construites. Cela peut se faire tout en douceur, avec la Vie, nos guides, notre moi supérieur à nos côtés. Dans l’écoute de ce qui se produit en nous, dans ce que la Vie amène à nous. Si seulement nous savions considérer les circonstances difficiles autrement que comme des sujets de lutte. Il n’y a ni danger, ni menace, ni attaque, ni rivalité, ni punition. Il n’y a pas lieu d’être en guerre avec la Vie, ni même avec le monde dans lequel nous vivons. Quelles que soient les circonstances. La Vie ne nous amène, en fait, que des opportunités de réconciliation avec nous-m’aime. Même les circonstances les plus difficiles. En elles, sont contenus les germes d’une réconciliation, qui au final sera grandiose.
Il est important que toutes nos parts puissent se réconcilier avec leur histoire, qu’elle aient la possibilité de revenir dans la chaleur de l’Amour. Parce que cela nous remet sur le chemin de la vie, de la légèreté et de la joie. De la Conscience.
Il n’y a pas à aller fourrager dans nos cuirasses sans relâche. C’est encore une violence que l’on se fait. Il n’y a qu’à suivre la voie que la Vie nous indique quand elle amène à nous les situations et les personnes qui vont nous permettre de les voir, ces cuirasses, et de laisser l’amour faire son œuvre dans l’espace que nous lui offrons. Depuis des millénaires, on nous a appris à vivre les challenges dans la souffrance et dans la violence. Mais il y a une autre voie …
Michèle Que la douceur de l'Amour soit, Au Coeur de Soi